Parcs d’attractions et hôtels sont fermés depuis la mi-mars en raison du Covid-19. Aujourd’hui, aucune date de réouverture n’est annoncée mais plusieurs scénarios sont à l’étude entre la direction et les syndicats.
Il y a un mois et demi, Disneyland Paris s’est endormi. Et comme dans « la Belle au bois dormant », conte et dessin animé cher aux amateurs de Walt Disney, le parc d’attractions attend qu’on le réveille. Pas de prince ni de baiser ici, mais plutôt l’attente d’un aval des autorités. Pour qu’autour du château de la Belle, si solitaire aujourd’hui mais point de repère pour tous les visiteurs, la foule revienne s’amuser.
C’est devant le château et sur Main Street USA qu’en 2017, des milliers de visiteurs avaient profité d’une gigantesque parade avec une centaine de personnages pour le 25e anniversaire de la destination, ouverte en 1992. Cette année, le parc était bien vide pour son 28e anniversaire le 12 avril. Sur les réseaux sociaux, les nostalgiques se sont consolés avec des vidéos des célébrations passées.
Aucune date de réouverture n’est fixée
Sur ces mêmes réseaux et en dehors, des bruits courent çà et là sur une réouverture. Mais, selon nos informations, aucune date n’est encore fixée. Lors du conseil social et économique, qui a réuni la direction et les représentants du personnel d’Euro Disney le 23 avril, le sujet a bien été évoqué mais la question reste en suspens.
En coulisses, plusieurs scénarios sont envisagés mais ils ne filtrent pas encore. La direction attend les directives du gouvernement sur la gestion de la crise due au Covid-19. Dans une note interne, elle indique à ses salariés que ses plans « seront adaptés pour être conformes aux dernières directives du gouvernement, notamment en termes de mesures sanitaires : distanciation sociale, restauration collective, transport interne ».
La pandémie a forcé le parc d’attractions à fermer ses portes le samedi 13 mars au soir, après une semaine délicate qui avait débuté par de premiers cas isolés de coronavirus parmi les 17 000 salariés et s’était poursuivie avec l’annulation des parades et spectacles extérieurs.
Depuis l’ouverture le 12 avril 1992, c’est la plus longue fermeture du site français. En 2015 après les attentats du 13 novembre, le parc d’attractions était resté clos quatre jours. Et après la tempête de décembre 1999, Disneyland Paris n’avait pas accueilli de public pendant deux jours.
«Le secteur doit opérer une refonte totale»
« Il est difficile de faire des projections face au Covid-19. Des scénarios sont à l’étude et il faudra sans doute attendre le 11 mai pour commencer à avoir des perspectives sur comment rouvrir en toute sécurité pour les salariés et les visiteurs », indique Djamila Ouaz pour la CFDT Euro Disney. Parmi les syndicats, on pense que plus rien ne sera comme avant.
« Le secteur des parcs et loisirs doit opérer une refonte totale pour demain. Nous avions déjà connu l’épidémie de grippe H1N1 ou la menace terroriste. Désormais, nous devons être capables d’anticiper davantage ces sujets, de nous adapter. Là, nous n’étions pas prêts mais nous ne pouvions pas l’être », ajoute Djamila Ouaz.
« Il va falloir repenser complètement la visite. Tout est ouvert. Ce sera différent d’avant le Covid-19. Il y a deux priorités : préparer le retour des salariés avec des formations à l’hygiène et la sécurité et élaborer un plan afin que les visiteurs aient la meilleure expérience possible », précise Laurent Burazer de la CFTC Euro Disney.
Une ambition commune de maintenir les emplois
Avec 17 000 salariés, dont 16 000 permanents, Euro Disney est le premier employeur mono-site de France. Dans une foire aux questions interne, la direction précise que « les recrutements dépendent de la reprise d’activité et du niveau de charge réelle ». « A ce titre, nous avons pris la décision de geler l’embauche des CDI et CDD (y compris le personnel saisonnier) des intermittents, des apprentis et des stagiaires jusqu’à nouvel ordre. » En début d’année, comme tous les ans, l’entreprise prévoyait 8000 recrutements, soient 1000 CDI et 7000 CDD saisonniers.
Depuis le 19 avril, la direction a arrêté de verser le complément de salaire (16 %) des 15 000 employés placés en chômage partiel qui ne sont plus rémunérés qu’à 84 % de leur salaire comme le prévoit l’assurance-chômage. Une décision contestée par les syndicats mais qu’elle justifie : « Notre entreprise a réalisé des efforts significatifs alors même qu’elle ne génère plus de revenus » depuis le 16 mars et assure ensuite que « l’ambition est de maintenir les emplois ». A travers le monde, 100 000 salariés de la Walt Disney Company, maison mère d’Euro Disney, sont en chômage partiel.
Aujourd’hui, 2 000 personnes continuent de travailler sur place (horticulture, sécurité, entretien, maintenance) ou en télétravail (services administratifs). Les autres « sont inquiets, impatients. Disney, ça prend dans les tripes, c’est une partie de nous-mêmes, reprend Djamila Ouaz. Le plus important est de préserver l’emploi et nous savons qu’il y aura des contreparties sur la flexibilité du travail. Les négociations avant la réouverture ne seront pas évidentes. »
Du côté de la CFTC, on est également conscient que des efforts seront demandés aux salariés. « Il y a beaucoup de réflexion, d’idées et de projets sur la table. Les chantiers programmés sur l’extension des Walt Disney Studios, le second parc, sont arrêtés, n’ont pas repris mais ne sont pas annulés. C’est rassurant. L’emploi est la priorité mais en contrepartie, l’après-Covid va nous forcer à nous adapter sur le temps de travail pour continuer à offrir la meilleure expérience à nos visiteurs », ajoute Laurent Burazer.
Dans tous les cas, Disneyland Paris restera marqué par cette crise. Il faudra quelques semaines pour que la machine se remette en route, que les salariés soient formés, rassurés et que les visiteurs — en moyenne 15 millions par an habituellement — soient aussi au rendez-vous.
Source : leparisien.fr