L’equipe d’Insidears a eu le plaisir de s’entretenir avec le Metteur en Scène du spectacle Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre, Christophe Leclercq.

A quand remontent les origines du projet ?

La décision de lancer la production d’un tout nouveau spectacle autour du Roi Lion remonte à novembre 2016. A partir de là, tout s’est mis en place très rapidement et j’ai été désigné pour mettre en scène cette nouvelle production.

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Comment avez-vous élaboré le concept du spectacle ?

Les premières consignes qui m’ont été données étaient de faire quelque chose de complètement différent de La Légende du Roi Lion qui fut représenté à Videopolis entre 2004 et 2009, ainsi que de Festival of the Lion King, le spectacle de Disney’s Animal Kingdom et Hong Kong Disneyland.  A partir de là, je me suis posé beaucoup de questions. Cette histoire mythique va bien au-delà d’un récit animalier dans la savane africaine. Tout le monde peut s’y retrouver car c’est avant tout l’histoire d’une famille et le parcours initiatique d’un adolescent vers l’âge adulte. Partant de là, je me suis dit qu’il était possible de transposer cette aventure animale dans le monde des humains. Je me suis alors mis à faire des recherches dans ce sens sur le net, et j’ai trouvé des « fan-arts » qui imaginaient justement les personnages du Roi Lion sous forme humaine. Cela nous a beaucoup inspiré. Au final, Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre est un spectacle inédit basé sur l’histoire du Roi Lion, comme si une tribu avait décidé de mettre cette légende en scène et en musique.

Et cette histoire se raconte en chansons.

Tout à fait. En raison du caractère multiculturel de notre public, nous avons préféré ne pas utiliser de dialogues. Ce sont les chansons qui racontent l’histoire. Pour des raisons de durée, elles sont plus courtes que dans le film, mais nous avons respecté scrupuleusement l’ordre du dessin-animé. Nous avons également eu la chance de pouvoir ajouter plusieurs titres emblématiques de la comédie musicale : d’une part « Shadowland », la chanson de Nala, et d’autre part « Endless Night » et « He Lives In You », que nous avons décidé de fondre en un seul titre, comme un « mash-up ». Il nous a semblé naturel de les rapprocher dans la mesure où la chanson de Rafiki répond directement au questionnement de Simba sur son père.

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Ce spectacle s’intitule Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre. Comment avez-vous traité cette dimension rythmique ?

Notre spectacle est vraiment basé sur l’aspect rythmique. Avec notre arrangeur Steve Sidwell, nous avons souhaité mettre les traditions africaines à l’honneur, tout en leur apportant une touche de modernité à travers de nouveaux rythmes et de nouveaux tempos, mais toujours dans le plus grand respect. Nous avons aussi quatre percussionnistes live sur scène, qui apportent vraiment une dimension supplémentaire à la musique. La partition écrite pour eux est particulièrement précise et élaborée au niveau rythmique. Leurs instruments ont été adaptés spécialement pour s’intégrer dans notre décor et par moments, les musiciens pourront quitter leur piédestal pour rejoindre chanteurs et danseurs. Ils s’intègrent totalement dans le spectacle.

Cette dimension a non seulement inspiré la musique du spectacle, mais également notre décor, qui se compose de djembés sur lesquels les personnages vont évoluer. Tout est dans la démesure : imaginez que les tambours les plus grands font 2,50 mètres de haut sur 8 mètres de circonférence ! Tous ces instruments de percussions imbriqués les uns dans les autres créent un espace scénique incroyable sur plusieurs niveaux, ce qui offre beaucoup de possibilités sur le plan de la mise en scène.

Comment avez-vous exploité ces différentes zones en fonction de chaque chanson ?

Avec Frontierland Theater, nous avons la chance d’avoir un vrai théâtre, avec une vraie boîte noire, c’est-à-dire un espace de représentation fermé, avec tout ce que cela permet en termes d’immersion et de traitement de la lumière. Grâce à nos nouveaux équipements, je peux concentrer la lumière sur différentes zones de la scène et faire de chaque numéro une sorte de vignette, comme dans un storyboard, que je répartis à travers tout l’espace, côté cour, côté jardin, fond de scène… On allume une plateforme et on en éteint une autre pour lancer un nouveau numéro. Rien à voir avec ce qu’il était possible de faire à Chaparral Theater, où la scène n’était qu’à demi couverte. Cela permet de ménager bon nombre de surprises.  Un tel dispositif demande beaucoup d’organisation, mais avec la grandeur du décor et la largeur de la scène, j’ai pu vraiment me faire plaisir !

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Vous exploitez vraiment tout l’espace !

En effet. Il y a certes des artistes sur scène à des hauteurs différentes, mais le décor évolue également au cours du spectacle : il tourne, il bascule et vous réserve quelques surprises !

Et puis, il y a toute la dimension aérienne. Beaucoup de choses se passent en l’air. Il faut dire que nous avons installé dans les cintres pas moins de 7 machines de vol pour les acrobates, ce qui veut dire que durant les 30 minutes que dure le spectacle, ils touchent très peu le sol !

Pouvez-vous nous présenter votre équipe créative ?

J’avais déjà travaillé avec Bradley Kaye, Principal Art Director pour Walt Disney Parks and Resorts, sur la Jedi Training Academy, et nous nous sommes dits que ce serait la bonne personne pour créer le décor notre nouveau spectacle. Pour les costumes, nous nous sommes tournés vers Mirena Rada, une designer bien connue dans le milieu des comédies musicales et des Parcs Disney, notamment Tokyo Disneyland, et qui a déjà collaboré avec nous sur l’événement FanDaze. Pour les arrangements musicaux, nous avons fait appel à Steve Sidwell, qui avait déjà signé ceux de La Parade des Rêves Disney, et pour les chorégraphies, Cathy Ematchoua nous a apporté son style inimitable. Pour les lumières, nous avons sollicité Pierre Leprou pour apporter un regard neuf. Quant au son, on le doit à John Moine de Russi, dit « Papa John ». Il a proposé un tout nouveau système de diffusion audio pour le Frontierland Theater offrant une expérience totalement immersive. Il n’existe que trois autres salles dans le monde qui en bénéficient, une à New York, une à Singapour et une à Sydney. C’est un système très imposant, qui correspond à 3 fois celui d’un IMAX. Nous avons également des trackers pour les chanteurs, ce qui veut dire que le son de leur voix va se déplacer sur scène en fonction de leurs placements. Et tout cela peut fonctionner de pair avec la lumière, ce qui veut dire que si un chanteur se déplace de cour à jardin, le son et la lumière vont le suivre en temps réel. Avec tout cela, le public ne va faire plus qu’un avec la musique et se sentir totalement imprégné par les rythmes de la terre.

Comment avez-vous constitué votre « tribu », le cast du spectacle ?

En ce qui concerne les chanteurs, les castings ont commencé il y a plus d’un an. Nous avons auditionné à Londres et à Paris, comme nous le faisons souvent. Un peu plus de 230 chanteurs ont postulé pour ce spectacle, car Le Roi Lion est un thème qui plaît beaucoup, et nous en avons gardés 22. Nous avons reçu des gens qui ont travaillé sur The Lion King dans le West End, d’autres sur la version de Mogador ou encore sur d’autres comédies musicales comme Motown. Nous avons donc un panel d’artistes éblouissants et expérimentés, des gens avec du métier et beaucoup de talent. Pour les acrobates, nous avons auditionné dans un gymnase tout près de Disneyland Paris en nous focalisant sur des profils issus du monde de la gymnastique. Une centaine de gymnastes se sont présentés et nous en avons gardé 18. Parmi eux certains viennent de grandes maisons comme Cirque du Soleil, du spectacle The House of Dancing Water à Macao ou encore de spectacles aériens sur Paris. Les danseurs ont été les derniers à être auditionnés. C’était en novembre dernier, et là, nous sommes restés bouche bée : 530 danseurs se sont présentés ! Et là aussi pour 18 places. Certains d’entre eux avaient également fait Mogador et se retrouvent aujourd’hui avec d’autres artistes qu’ils ont connus il y a des années sur d’autres productions liées au Roi Lion. Ce sont de belles retrouvailles autour de cette histoire, et toutes ces auditions se sont passées dans une ambiance magnifique. En tout, notre Cast regroupe pas moins de 9 nationalités !

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Pouvez-vous nous parler de la conception des costumes ?

Les costumes sont très importants dans notre spectacle. Ils sont là pour évoquer les personnages du film à travers toutes sortes de références, notamment au niveau des codes couleurs des animaux.  Prenez Rafiki. C’est un mandrill, reconnaissable à son museau très coloré, bleu, rouge, blanc, et l’on retrouve les mêmes couleurs dans son costume. Pour la crinière de Simba, nous avons utilisé une « gabrielle ». C’est un élément de costume que l’on place sur les épaules, avec un arceau sur lequel on a accroché des poils colorés dans la teinte d’une crinière de lion. Et pour ce faire, nous avons opté pour des matières nobles : cuir, alcantara, etc.

Leur conception a commencé il y a maintenant deux ans et la première proposition a été la bonne. Rien n’a changé pratiquement depuis. J’ai beaucoup discuté avec Mirena de ce que je voulais et elle a immédiatement compris mes attentes. Au final, ce sont 400 costumes qui ont été fabriqués pour un cast de 70 personnes.

Suivant les différentes mises en scène du Roi Lion à travers le monde, le personnage qui change le plus est sans doute Rafiki. Comment l’avez-vous abordé ?

Dans le dessin-animé, c’est un singe mâle, ce qui fait que la personne qui chante « Circle of Life » est une sorte de voix off indépendante. Pour la comédie musicale, ils se sont basés sur la voix de cette chanson pour faire de Rafiki un personnage féminin. Quitte à faire quelque chose de différent, je me suis dit que notre Rafiki pourrait être un chanteur. Au final, cela donne une autre dimension au personnage. Il devient une sorte de chamane, qui conduit le spectacle et assure les transitions entre les numéros. 

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Timon et Pumbaa sont aussi difficiles à représenter sur le plan scénique. Comment les avez-vous envisagés ?

Pour rentrer dans le concept du spectacle, il fallait également les humaniser. Je me suis donc replongé dans le dessin-animé et en voyant ce freluquet de suricate et ce phacochère bedonnant, j’ai tout de suite pensé à Laurel et Hardy. C’est ainsi que le costume du personnage qui joue Timon est une sorte de queue de pie mais qui se termine en forme de queue de suricate. Il a également de grandes chaussures de clown qui rappellent les pattes des suricates. Et pour ce qui est du casting, nous nous sommes tournés vers des comédiens aux allures totalement opposées. Je pense que cela va en surprendre plus d’un !

C’est aussi cette originalité qui fait la richesse des spectacles de Disneyland Paris. On se souvient encore de La Forêt de l’Enchantement : Une aventure musicale Disney, que vous avez aussi mis en scène, avec son concept totalement inédit.

C’est à chaque fois un véritable défi ! Mais je crois que c’est aussi notre rôle de proposer au public des concepts originaux et de l’ouvrir à d’autres formes de spectacle. En se basant toujours sur des histoires Disney.

Au final, l’émotion est toujours là et bien là !

La musique est primordiale dans ce spectacle. Quand j’ai entendu pour la première fois cette version de « Circle of Life », j’ai fondu en larmes. Il y a bien sûr la richesse du matériel original, mais également la force de cette nouvelle version. Il y a aussi ce décor saisissant. Quand on le découvre, on se dit simplement « Wow ! ». Et puis, tout le côté « live » du spectacle : les chants, les chorégraphies, les acrobaties aériennes. Tout ce côté humain qui touche en plein cœur. C’est mon rôle de mettre tous ces artistes en harmonie pour créer des émotions. D’autant plus que nous inaugurons un nouveau théâtre, et pour le faire, je ne pouvais rêver de meilleure histoire que Le Roi Lion, avec sa puissance et sa spiritualité. Nous sommes les premiers à habiter ce lieu. C’est à nous de le faire résonner de nos voix et de lui donner son âme !

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