Comment la sécurité des attractions est assurée au Parc Spirou

by Mister Andro
9 minutes de lecture

Après l’accident dramatique au Luna Park du Cap d’Agde, qui a coûté la vie à un adolescent, la sécurité des manèges dans les parcs d’attraction est plus que jamais d’actualité. À Monteux, le Parc Spirou reçoit des milliers de visiteurs chaque jour en période estivale. Reportage aux côtés de ceux, sur le pont dès 6 heures chaque matin, qui sont chargés de la sécurité du public.

Spirou, Lucky Luke, Kid Paddle, le Marsupilami… pour eux, c’est grasse mat’ jusqu’à 10 heures tous les jours ! Mais pour le directeur technique du Parc Spirou à Monteux, Christophe Castanier, et ses équipes, le réveil a déjà sonné depuis plusieurs heures, en cette journée d’août. Des milliers d’écrous à vérifier, des mécanismes à graisser, des vérins pneumatiques à faire fonctionner… dès 6 heures du matin, en binômes, les techniciens inspectent les 25 attractions réparties sur le site, ainsi que le parcours, pour la sécurité des milliers de visiteurs quotidiens. Enfin, après un petit briefing et… un café !

Check-list en main, chaque point de contrôle préconisé par le constructeur des rollers coasters et autres doit être passé en revue. Pour les attractions à sensation fortes, jusqu’à une heure est nécessaire. « Tous les matins, on change aussi les équipes de secteur, pour éviter la routine et donc des erreurs », précise Christophe Castanier. Avec une solide expérience acquise pendant 13 ans dans le plus célèbre parc d’attractions de France – Disneyland –, le directeur technique sait de quoi il parle. Ses grosses machines, il les connaît plus que bien. Il fait d’ailleurs partie de ceux présents dès l’ouverture du parc vauclusien, en 2018.

« Ce qui m’intéresse, c’est le mix des compétences »

Talkie-walkie en main, dans les allées vides et silencieuses (pour l’instant), direction l’“Aéro champignac”, qui fait tournoyer dans des chaises roses, à plus de 40 km/h et en hauteur, adultes et enfants de plus d’un mètre. À la base du champignon, on vérifie les vérins, on graisse les mécanismes. Autre étape, l’allumage de l’attraction. Équipé de harnais, un technicien doit monter dans la tête du champignon pour continuer son inspection.

Une fois sa tâche effectuée, un cycle entier doit être réalisé pour s’assurer que tout sera en ordre quand le pilote prendra les commandes : à 10 heures. La liste est remplie, signée et déposée en double dans la cabine de pilotage.

Nouvel appel talkie : direction le “Splash Piranha”. « C’est l’attraction qui mouille le plus », conseille le directeur, en cas de fortes chaleurs. Le principe : embarquer à bord d’une fleur géante pour une bataille d’eau entre embarcations. « On a des problèmes récurrents sur les pistolets à eau », souffle le technicien, qui doit les vérifier un à un sur les gondoles. Une fois par semaine, il faut aussi enfiler la combinaison, le masque et se jeter à l’eau pour examiner les mécanismes sous l’eau.

Alors que les techniciens continuent de s’activer, un autre ballet a commencé. Celui des magasiniers, chargés de faire les allers-retours en voiturettes pour réapprovisionner les restaurants du parc. « Il y a aussi toute une partie production, puisqu’on fait sur place salades, desserts… », souligne Christophe Castanier.

« Lui, c’est Spirou je crois », pointe dans sa marche rapide le directeur, en direction d’un employé en train de souffler des feuilles mortes. « Enfin, je pense car on ne sait jamais vraiment qui est dans le costume », sourit-il. Illustrant surtout la polyvalence des employés et de la centaine de saisonniers. C’est d’ailleurs ce qui le passionne dans son métier : « Électricité, mécanique… c’est vraiment le mix des compétences qui m’intéresse. »

L’heure tourne. Le chef lève les yeux vers “l’Eviv Bulgroz”. À 30 mètres de haut sur une échelle, l’heure est au graissage du bras métallique qui propulse les amateurs de sensations fortes à 360° dans l’espace. À plus de 100 km/h.

Des interventions à 80 mètres de haut

L’autre opération aérienne aura lieu un peu plus loin, sur une plateforme à 80 mètres, sur la “Zombillénium Tower”.

9 h, des centaines de marsupiaux jaunes en peluche sortent de leurs cartons, soigneusement disposés sur les étals d’une boutique. Pas le temps de s’attarder. 9 h 15, Christophe Castanier file au brief quotidien de la direction avant le top départ aux guichets. Dehors, on voit déjà depuis les bureaux, une petite foule s’amasser derrière les barrières. La journée ne fait que commencer…

« Il y a des jours calmes, d’autres où les pannes se cumulent »

À 10 heures à l’entrée du public, son équipe passe en mode « dépannage ». « En gros, on attend qu’on nous appelle. Il y a des jours où c’est très calme, d’autres où les pannes se cumulent », sourit Christophe Castanier. Et pour lui, c’est ce qui est « grisant ». Une roue qui se bloque, un capteur défaillant, une friteuse qui tombe en rade à l’heure du coup de feu dans le restaurant… : « Les journées sont toutes différentes. »
À 13 h30, il passera le relais à l’équipe technique d’après-midi, qui sera aux commandes de la maintenance, jusqu’à 18 heures, après un nouveau briefing. Celle-ci sera chargée de fermer les attractions et de réaliser, notamment, des correctifs sur les machines.

Comme les autres directeurs et directrices (de sécurité, des boutiques, de restauration), Christophe Castanier est aussi parfois le directeur du jour. Et c’est au briefing de 9 h 15 que la journée de la veille est décryptée. Recettes, nombre de visiteurs, météo, incidents… tout est passé au peigne fin !

« On considère qu’on transporte des personnes »

Les 5 et 6 août, un adolescent est décédé dans un manège du Luna Park du Cap d’Agde. Une semaine seulement après la mort d’un homme au parc Wonderland, dans le Var. En juillet 2022, dans le Vaucluse, une infirmière de 37 ans avait dû être opérée en urgence après un choc à la tête lors d’une descente sur un toboggan du parc d’attractions aquatique Wave Island, à Monteux. Alors la question de la sécurité des attractions est plus que d’actualité.
« On considère qu’on transporte des personnes », souligne le directeur technique du Parc Spirou, qui n’a heureusement pas connu de drame de cette ampleur à ce jour. Précisant aussi que les attractions sont soumises à des contrôles techniques. Certaines sont  démontées intégralement.

Seul incident notable chez Spirou : une panne, en juillet 2019. Des personnes étaient restées bloquées à quelques mètres de haut pendant 20 minutes sur “Le nid du Marsupilami”.  Les sapeurs-pompiers avaient dû intervenir. Depuis, les secouristes vauclusiens ont créé un protocole. En septembre dernier,  ils ont aussi réalisé un exercice sur la tour, pour être prêt à évacuer en rappel.

PC sécurité : 84 caméras de surveillance

« J’ai passé dix ans chez Asterix et on n’avait pas cet équipement », note Roger Beaulieu au cœur du PC sécurité, avant le rush.  Le directeur de la sécurité peut en effet compter sur 84 caméras haute définition, disposées dans tout le parc. Ce matin-là, deux agents sécurité incendie sont à ses côtés [d’autres sont à l’entrée], les yeux rivés sur leurs écrans. Objectif : prévenir les accidents bien sûr, mais aussi « les actes malveillants ». « Comme les vols, par exemple. Heureusement, on en a eu très peu. Peut-être dix incidents à peine depuis l’ouverture », se réjouit-il.
Ces caméras permettent aussi de repérer un enfant qui aurait échappé à la surveillance de ses accompagnateurs. Ou de faire un appel micro d’avertissement en cas de groupe trop  « agité ».

En cette journée d’août, c’était aussi à Roger Beaulieu de lancer la musique « pour mettre le public dans l’ambiance » et donner dans le talkie le top de l’ouverture des barrières. Ne restait qu’à Spirou d’accueillir les enfants (et les grands enfants).

Source : ledauphine

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